samedi 18 avril 2009

Aamir Khan, la fierté de Bollywood





Portrait réalisé en 2007 par Jordan White

Je me permets de poster ici dans le topic des vedettes masculines de la comédie musicale pour dresser le portrait d'un de mes héros de cinéma et une de mes idoles tout court même si c'est pas tout à fait naphtaliné. Monsieur Aamir Khan. Né le 14 Mars 1965 à Mumbaï, anciennement Bombay, en Inde, le jeune Aamir démarre sur les chapeaux de roue dès l'âge de 8 ans. Il faut dire que son père et son oncle sont producteurs de cinéma ( tout comme Kajol, Rani Mukherji ou Hrithik Roshan qui ont aussi des proches ayant travaillé dans le ciné, à ce sujet, Aishwarya n'a pas de parents liés au milieu à la base tout comme Shah Rukh qui s'est construit tout seul et dont la vie est à elle seule est un Bollywood). Il débute donc dans Yadoon Ki Baaraat en 1973 puis Madhosh en 1974. J'ignore si ces films sont disponibles sur quelque support que ce soit mais j'aimerais bien les découvrir. Il tourne ensuite un peu plus tard Holi en 1984 sous la direction de Ketan Metha ( et non Deepa Metha, grande dame du ciné indien ). 1984 est également l'année où perce un certain Ashutosh Gowariker en tant qu'acteur qui deviendra un ami proche du jeune acteur et dont les parcours sont intimement liés. L'année de la révélation arrive en 1988 avec la sortie de Qayamat Se Qayamat Tak, une sorte de Roméo et Juliette revu et corrigé qui est un succès public. Agé de vingt trois ans, le jeune Aamir Khan s'impose comme un acteur sur qui on peut désormais compter. Il a pour partenaire la délicieuse Juhi Chewla qui aura elle aussi quelques très beaux rôles par la suite, avec des hauts et des bas cependant. Elle revient sur le devant de la scène cette année avec Bas Ek Pal d'Onir, et bientôt dans Salaam-E-Isqh de Nikhil Advani prévu pour 2007 où elle jouera aux côtés de la pointure Anil Kapoor. Qayamat Se Qayamat Tak n'est pas foncièrement original mais l'aspect jusqu'au-boutiste, comprendre le refus du happy-end fait beaucoup pour la tragédie et la puissance des dix dernières minutes. Aamir n'a pas encore la maturité de jeu qu'on lui connaît aujourd'hui mais il a un talent certain qui ne demande qu'à être travaillé. Le film est aussi resté célèbre pour son célèbre baiser qui restera ensuite effleuré durant de longues années dans toute production qui se respecte, sinon évité pour ne pas heurter le public sur une pratique, le baiser amoureux, jugé trop intime pour être montré au cinéma. Ce n'est que durant les trois dernières années que ce "tabou" a été soulevé, et les baisers enlacés apparaissent aujourd'hui sans que ça ne pose le moindre problème. Deux ans après, Aamir est à l'affiche de Dil d'Indra Kumar après avoir tourné dans trois films successifs, où apparaît à ses côtés le premier rôle féminin tenu par Madhuri Dixit, légendaire actrice, danseuse classique à la base, sublime, étincelante dans la plupart de ses rôles (elle arrive à voler la vedette à Aishwarya dans Devdas de Sanjay Leela Banshali). Elle a commencé sa carrière au milieu des années 80 et s'est peu à peu retirée depuis 2003 au grand dam de ses fans qui rêvent d'un comeback. Ce qui pourrait être le cas avec le projet Engineer Dil est une histoire d'amour tourmentée entre un homme et une femme meurtris par leurs relations houleuses avec leurs parents qui ne veulent pas de leur union. Même s'il est de nos jours daté sur le plan de la réalisation, il demeure une pièce maîtresse dans la carrière d'Aamir Khan qui va choisir méticuleusement le moindre de ses rôles au risque -mais selon son désir pour tout dire - de ne tourner que les films qu'il aime avec des scénario qu'il a envie de voir portés à l'écran et des réalisateurs pour qui il veut davantage qu'une simple rencontre. Il enchaîne les rôles à partir de 1991, à une rythme soutenu avant de débrayer à partir de 1995. Il est dans Jo Jeeta Wohi Sikandar toujours réalisé par Mansoor Khan qui n'est autre que son propre cousin. En 1995 il tourne Akele Hum Akele Tum que je me caser un de ces jours afin de le découvrir. Il s'agit d'un Kramer contre Kramer version hindi. Avec Manisha Koirala, inoubliable interprète féminine de Bombay et terroriste irraisonnée dans Dil Se. Elle avait aussi tourné dans l'insipide 1942 a Love Story, ratage total. Et bien sûr Aamir. C'est la troisième collaboration Mansoor/ Aamir. Il tourne en 1995 sous la direction d'Ashutosh Gowariker, pour la première fois dans Baazi. Ashutosh Gowariker, ancien de la télé, acteur de sitcom, qui pour l'anecdote rencontrera ShahRukh Khan alors étudiant qui fait ses armes dans un feuilleton et auquel il proposera presque vingt ans plus tard le rôle principal de Swades. Baazi bénéficie du savoir-faire du réal mais reste impersonnel. C'est du polar un peu trop carré, sans souffle et qui s'oublie assez vite, mais dans toute collection qui se respecte le film a sa place. Baazi marque surtout un tournant décisif dans la carrière du comédien, qui n'est plus une prometteuse révélation, mais bel et bien un acteur à part entière, qui va choisir encore plus méticuleusement ses rôles. Ca commence en 1996, après la parenthèse Rangeela, réalisé par Ram Gopal Varma ( Bhoot, Company, Shiva) avec Raja Hindustani, un de ses deux plus gros cartons à ce jour avec Fanaa, où il joue le rôle d'un mec simple qui tombe amoureux d'une femme que sa famille repousse. Le classique schéma du masala ici à la sauce 1996, donc ça beaucoup vieilli là encore une fois, mais c'est un film un peu spécial puisque c'est le premier film hindi que j'ai vu sur Canal + en 1999. La scène sous l'orage m'avait pas mal marquée. Pour un rôle pourtant pas exceptionel il gagne pourtant le filmfare award. Raja Hindustani est sauvé par la présence de Karisma Kapoor mais c'est très loin d'être un bon film, encore loin un grand. Tout cela est bien fade. Couronné de succès public et populaire, Raja Hindustani permet à l'acteur d'être incontournable. De pouvoir produire entre autres. Après Ishq et Gulaam en 1998, il tourne avec Deepa Mehta, le deuxième volet de la trilogie de la réalisatrice après Fire et avant Water intitulé Earth. Il a la chance de tourner avec l'immense Nandita Das et compose un des couples les fascinants du cinéma d'auteur de ces dernières années, tourmenté par les affres de la périodes post-1947, année de l'Indépendance dans un film à la photographie exceptionnelle et à la musique envoûtante.Le film compte aussi dans son casting l'excellent Rahul Khanna. La fin du film en aura traumatisée plus d'une et d'un. Le film entérine sa présence indispensable à Bollywood et plus largement dans tous les films indiens d'envergure. Pourtant loin de rechercher les rôles à tout prix, il ne choisit plus qu'un ou deux rôles par an. En 2001 alors que personne ne croyait plus en projet et qu'Ashutosh lui-même se demandait s'il n'allait pas laisser son film dans un tiroir, Aamir Khan se porte producteur d'une oeuvre qui partait sur de mauvaises bases et va s'avérer être l'un des plus grands films indiens de la décennie....Lagaan. Six lettres pour un chef-d'oeuvre. Un contexte, l'Inde colonialiste, un impôt (le lagaan éponyme), et un match de cricket. Il n'en faut pas plus à Ashutosh pour livrer 3h40 de spectacle, de réflexion et d'intelligence. Aamir y trouve le rôle le plus important jusqu'à présent de sa filmographie. Et devient une des personnalités les plus influentes de Bollywood, jusqu'à devenir la plus influente en 2006. Le film est nommé aux Oscar et donne un coup de vif à la carrière de Gracy Singh. La même année, à quelques mois d'intervalle, Aamir fait à nouveau frémir le Box office grâce au premier et remarquable premier film de Farhan Akhtar, qui signe un long-métrage plein de vie, Dil Chahta Hai avec des acteurs impliqués, autant du côté des hommes que des femmes, autour d'une histoire simple mais efficace d'amitié autour de la différence d'âge. . Depuis Farhan a mis en scène Lakshya en 2004 et son hommage à Don en 2006. Aamir ne s'arrête pas en si bon chemin mais attend le rôle qui lui permettra de montrer un nouveau visage et d'aller plus loin dans une piste explorée. Il choisit de revenir après cinq ans d'absence (comme Kajol et Karan Johar) avec The Rising, fresque énorme mais froide, un film d'époque à moitié raté qui manque singulièrement du souffle requis pour parler d'une telle aventure humaine et sociale. Aamir ne convainc guère dans le rôle de Mangal Pandey, pas plus que Rani. Seul l'acteur anglais stupéfait par la justesse de son jeu. Première semaine démentielle puis deuxième à fond de cale pour un final mitigé. 2006 marque le retour fracassant d'Aamir avec deux énormes cartons au BO. Le premier, Rang de Basanti, où il joue un rebelle au milieu de jeunes qui pour certains ont vingt ans de moins que lui. Le film, plus que discutable autant sur le fond que la forme m'a déçu voire agacé, mais remporte un triomphe monstre au niveau du public. Pareil pour Fanaa, d'une toute autre facture, qui permet aussi à Kajol de revenir en explosant la concurrence féminine au niveau de la popularité.


Merci Jordan pour ton portrait d’Aamir Khan, un des plus populaires acteurs du cinéma indien. Pour ma part, je l’ai découvert dans le magnifique Lagaan d’Ashutosh Gowariker, une superbe fresque, à très gros budget, avec quelques spectaculaires numéros musicaux (je pense au moment où tout le village se réjouit de voir la pluie arriver) et scènes de danse qui ont le mérite d’éviter le kitsch pro-occidental très en vogue à Bollywood. C’est à coup sûr un des plus beaux films du cinéma indien que je connaisse. J’ai également beaucoup aimé sa prestation dans dil chahta hai, une belle histoire d’amitié qui sonne juste, mêlant habilement fraternité, éclats de rire et problèmes plus graves. Fanaa, son dernier triomphe au box office, est à mon goût plus inégal, avec certaines outrances dans le récit, mais une superbe prestation de Kajol, à mes yeux, la plus lumineuse star du cinéma indien actuel. Ishq, toujours avec Kajol, comprend quelques scènes d’une grande drôlerie, même s’il ne fait pas dans la dentelle. Les spectateurs peu habitués aux comédies orientales risquent de rester perplexes devant l’interprétation outrancière de Khan dans certaines scènes comiques ! Evidemment, dans la carrière d’Aamir, il y a à prendre et à laisser : je pense au catastrophique Mann(1999), honteux remake d’Elle et lui , film sentimental hollywoodien qui vait connu deux mémorables versions dans les années 30 et 50 qui comprend notamment une reprise hindi de l’italiano de Toto Cutugno (déjà il faut aimer ce genre de variétoche), par Aamir Khan. C’est si ridicule qu’on se demande si ce n’est pas intentionnel. En tout état de cause, on ne peut que saluer la présence indéniable de cet acteur, qui depuis quelques années semble espacer ses apparitions et choisir ses films en étant beaucoup plus exigeant sur la qualité des scénarii. Pour la petite histoire, rajoutons qu’Aamir fait aussi parler de lui dans la presse du cœur, car il n’a jamais voulu reconnaître le fils né de sa liaison avec une jeune anglaise !

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