En France, quand on évoque le nom de John Payne, on pense surtout à un Robert Mitchum de séries B, évoluant principalement dans des westerns et des films noirs des années 50. Pourtant pendant la guerre, il fut la vedette masculine de nombreuses comédies musicales à gros budget de la 20th Century Fox qui firent presque toutes un carton outre Atlantique ainsi qu’en Angleterre. Enfin, pour peu qu’on puisse parler de vedettes masculines dans les films musicaux de la Fox : aussi bien l’intrigue que les numéros musicaux étaient destinées à mettre en valeur les stars féminines (Alice Faye « la blonde câline », Betty Grable « la pin up aux jambes d’un million » ou Sonja Henie « la patineuse à fossettes ») qui dominaient le show. Les acteurs (Don Ameche, John Payne, Cesar Romero) étaient interchangeables !
Si ces films n’ont pas laissé chez nous un vif souvenir, il faut rappeler que pendant l’occupation allemande, les films américains étaient interdits sur le sol français, de sorte que nombre de films de la période 1940-1944 sont sortis à la sauvette après la libération et que certains n’ont même pas été exploités chez nous.
Né en 1912, dans une famille très fortunée (son père est gentleman farmer), John connaît une enfance très dorée… jusqu’au crash boursier de 1929. Après des études de journalisme et d’art dramatiques et des petits boulots à la radio, John Payne est repéré par Samuel Goldwyn qui lui offre un rôle dans Dodsworth avec Ruth Chatterton. Après de nombreux tests sans succès auprès de presque tous les studios d’Hollywood, John Payne décroche un petit contrat avec la Paramount. Selon ses propres mots « love on toast » est le pire navet jamais filmé, quant au College swing (déjà avec une Betty Grable, attendant son heure de gloire), le film est « si raté que le studio vira tout le monde après le tournage».
Après 8 films en un an à la Warner, c’est la Fox qui va faire faire de John Payne une star (grâce à Stardust (1940) il donne la réplique à Linda Darnell « qui continuait d’aller à l’école entre les tournages » et surtout Tin Pan Alley (Adieu Broadway) de Walter Lang. Un musical patriotique dont l’action se situe à la veille de la première guerre mondiale, et qui tombe à point nommé dans cette période troublée. Ajoutons un passage très sexy avec la gracile Betty et la pulpeuse Alice dansant dans un harem en tenues transparentes, et on comprendra l’émoi des spectateurs ! C’est vraiment un film très alerte et franchement sympa (notamment les deux numéros très bien chantés par la chaude voix de Miss Faye en duo avec Payne). Tu seras mon mari (1941) est le meilleur film de la patineuse Sonja Henie, avec une idée intelligente pour utiliser cette championne aussi douée sur glace qu’inexpressive dans les scènes de comédie. Mais si cette oeuvrette est passée à la postérité (et a eu l’honneur d’être le premier film US exploité en France après la libération), c’est à cause des indémodables mélodies de l’orchestre de Glenn Miller !
Misant sur le physique avantageux de Payne, la Fox multiplie les photos de l’acteur en maillot de bain ou sur un ring de boxe, faisant de lui un des premiers « beefcake » playboy de l’histoire du cinéma (peu avant Guy Madison).
John Payne retrouve ensuite Alice Faye dans trois comédies musicales : Radio cavalcade (1941), week-end à la Havane(1941) et Hello Frisco Hello(1943), trois énormes succès commerciaux, surtout le troisième, qui lance la vogue des films musicaux belle époque comme le Chant du Missouri. Si à chaque fois, la présence virile de John Payne ne passe pas inaperçue, c’est bien Alice Faye avec sa chaleur caractéristique et sa belle voix sombrée qui séduit les spectateurs. Quand John Payne ne serre pas dans ses bras la tendre Alice Faye, il charme à l’écran la pétulante Betty Grable au charme moins subtil mais plus énergique. De toute façon, ses rôles sont les mêmes : le joli cœur vaniteux et ambitieux qui finit par céder aux vrais sentiments. Coté chansons, il a une voix de crooner plutôt bien posée mais fort peu étendue (le compositeur Harry Warren veillait à lui composer des refrains pour son registre qui ne dépassait pas quelques notes).
Lassé de ces rôles souvent bien inconsistants et si similaires, John Payne n’a pas eu trop de regret en quittant les studios pour joindre l’armée de l’air (il avoue très humblement qu’il n’a jamais participé aux combats, n’a pas quitté les camps d’entraînement).
De retour à Hollywood, Payne se fâche avec la Fox qui s’obstine à lui confier les mêmes rôles de bellâtre. Il tourne encore un ultime musical « Wake up and dream » avec la ravissante June Haver, nouvelle pin up du studio (et blonde, bien entendu) : une sorte de conte philosophique pour enfant, qui possède un charme certain, dans lequel John Payne, tête d’affiche apparaît à tout casser 10 minutes ! Mais on se souvient plutôt de Miracle sur la 34ème rue, un conte de Noël avec la petite Natalie Wood ou du fil du rasoir. Désormais en free-lance, John va se tourner vers les films d’aventure et les westerns.
Des films de série B, sans prétention aucune (mais Payne ne s’est jamais considéré comme un grand comédien), mais pas désagréables à voir, pour qui a conservé son âme d’enfant. Chanteur guimauve, gangster, cow-boy ou pirate, il a enfilé toutes les panoplies du film d’évasion dont le seul mais louable but était de divertir. En 1955, John Payne débourse 1000 dollars par mois pour obtenir le droit d’adapter Moonraker de la série des James Bond, avant de finir par renoncer à son projet….Dommage.
En 1961, Payne est victime d’un grave accident de voiture. Défiguré (il gardera des cicatrices visibles toute sa vie), la jambe gauche brisée en 5 endroits, son cas reste critique plusieurs mois. Rétabli après une longue et pénible rééducation, l’acteur ralentit ses activités et se tourne vers la télévision (épisodes de Gunsmoke, inspecteur Columbo…). Au début des années 70, il a même fait un retour nostalgique sur les planches dans une adaptation de l'opérette Good news avec sa vieille collègue Alice Faye.
John Payne est décédé d’une crise cardiaque en 1989. Il laisse 3 enfants de ses mariages avec Anne Shirley (actrice RKO des années 30, connue pour Murder my sweet) et la chanteuse des films MGM, Gloria de Haven.
Après la ressortie progressive des Marquee musicals de la Fox, on peut imaginer qu’un jour les nombreux films d’aventure que nos parents allaient voir dans leur prime jeunesse en double programme dans les cinémas de quartier ressortiront un jour pour nous captiver (peut-être) à leur tour.
Si ces films n’ont pas laissé chez nous un vif souvenir, il faut rappeler que pendant l’occupation allemande, les films américains étaient interdits sur le sol français, de sorte que nombre de films de la période 1940-1944 sont sortis à la sauvette après la libération et que certains n’ont même pas été exploités chez nous.
Né en 1912, dans une famille très fortunée (son père est gentleman farmer), John connaît une enfance très dorée… jusqu’au crash boursier de 1929. Après des études de journalisme et d’art dramatiques et des petits boulots à la radio, John Payne est repéré par Samuel Goldwyn qui lui offre un rôle dans Dodsworth avec Ruth Chatterton. Après de nombreux tests sans succès auprès de presque tous les studios d’Hollywood, John Payne décroche un petit contrat avec la Paramount. Selon ses propres mots « love on toast » est le pire navet jamais filmé, quant au College swing (déjà avec une Betty Grable, attendant son heure de gloire), le film est « si raté que le studio vira tout le monde après le tournage».
Après 8 films en un an à la Warner, c’est la Fox qui va faire faire de John Payne une star (grâce à Stardust (1940) il donne la réplique à Linda Darnell « qui continuait d’aller à l’école entre les tournages » et surtout Tin Pan Alley (Adieu Broadway) de Walter Lang. Un musical patriotique dont l’action se situe à la veille de la première guerre mondiale, et qui tombe à point nommé dans cette période troublée. Ajoutons un passage très sexy avec la gracile Betty et la pulpeuse Alice dansant dans un harem en tenues transparentes, et on comprendra l’émoi des spectateurs ! C’est vraiment un film très alerte et franchement sympa (notamment les deux numéros très bien chantés par la chaude voix de Miss Faye en duo avec Payne). Tu seras mon mari (1941) est le meilleur film de la patineuse Sonja Henie, avec une idée intelligente pour utiliser cette championne aussi douée sur glace qu’inexpressive dans les scènes de comédie. Mais si cette oeuvrette est passée à la postérité (et a eu l’honneur d’être le premier film US exploité en France après la libération), c’est à cause des indémodables mélodies de l’orchestre de Glenn Miller !
Misant sur le physique avantageux de Payne, la Fox multiplie les photos de l’acteur en maillot de bain ou sur un ring de boxe, faisant de lui un des premiers « beefcake » playboy de l’histoire du cinéma (peu avant Guy Madison).
John Payne retrouve ensuite Alice Faye dans trois comédies musicales : Radio cavalcade (1941), week-end à la Havane(1941) et Hello Frisco Hello(1943), trois énormes succès commerciaux, surtout le troisième, qui lance la vogue des films musicaux belle époque comme le Chant du Missouri. Si à chaque fois, la présence virile de John Payne ne passe pas inaperçue, c’est bien Alice Faye avec sa chaleur caractéristique et sa belle voix sombrée qui séduit les spectateurs. Quand John Payne ne serre pas dans ses bras la tendre Alice Faye, il charme à l’écran la pétulante Betty Grable au charme moins subtil mais plus énergique. De toute façon, ses rôles sont les mêmes : le joli cœur vaniteux et ambitieux qui finit par céder aux vrais sentiments. Coté chansons, il a une voix de crooner plutôt bien posée mais fort peu étendue (le compositeur Harry Warren veillait à lui composer des refrains pour son registre qui ne dépassait pas quelques notes).
Lassé de ces rôles souvent bien inconsistants et si similaires, John Payne n’a pas eu trop de regret en quittant les studios pour joindre l’armée de l’air (il avoue très humblement qu’il n’a jamais participé aux combats, n’a pas quitté les camps d’entraînement).
De retour à Hollywood, Payne se fâche avec la Fox qui s’obstine à lui confier les mêmes rôles de bellâtre. Il tourne encore un ultime musical « Wake up and dream » avec la ravissante June Haver, nouvelle pin up du studio (et blonde, bien entendu) : une sorte de conte philosophique pour enfant, qui possède un charme certain, dans lequel John Payne, tête d’affiche apparaît à tout casser 10 minutes ! Mais on se souvient plutôt de Miracle sur la 34ème rue, un conte de Noël avec la petite Natalie Wood ou du fil du rasoir. Désormais en free-lance, John va se tourner vers les films d’aventure et les westerns.
Des films de série B, sans prétention aucune (mais Payne ne s’est jamais considéré comme un grand comédien), mais pas désagréables à voir, pour qui a conservé son âme d’enfant. Chanteur guimauve, gangster, cow-boy ou pirate, il a enfilé toutes les panoplies du film d’évasion dont le seul mais louable but était de divertir. En 1955, John Payne débourse 1000 dollars par mois pour obtenir le droit d’adapter Moonraker de la série des James Bond, avant de finir par renoncer à son projet….Dommage.
En 1961, Payne est victime d’un grave accident de voiture. Défiguré (il gardera des cicatrices visibles toute sa vie), la jambe gauche brisée en 5 endroits, son cas reste critique plusieurs mois. Rétabli après une longue et pénible rééducation, l’acteur ralentit ses activités et se tourne vers la télévision (épisodes de Gunsmoke, inspecteur Columbo…). Au début des années 70, il a même fait un retour nostalgique sur les planches dans une adaptation de l'opérette Good news avec sa vieille collègue Alice Faye.
John Payne est décédé d’une crise cardiaque en 1989. Il laisse 3 enfants de ses mariages avec Anne Shirley (actrice RKO des années 30, connue pour Murder my sweet) et la chanteuse des films MGM, Gloria de Haven.
Après la ressortie progressive des Marquee musicals de la Fox, on peut imaginer qu’un jour les nombreux films d’aventure que nos parents allaient voir dans leur prime jeunesse en double programme dans les cinémas de quartier ressortiront un jour pour nous captiver (peut-être) à leur tour.
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