mercredi 20 mai 2009

Saïf Ali Khan, le caméléon de Bollywood




Portrait réalisé par Jordan White et reproduit avec son amicale autorisation

Né le 16 Août 1970 à New Delhi, Saïf Ali Khan, est le fils de l'actrice bengalie Sharmila Tagore, grande vedette du cinéma régional, dirigée entre autres par Satyajit Ray, et dont Music Man a dressé le portrait très complet et richement illustré dans le topic sur les vedettes musicales féminines.

Saïf est à l'instar d'autres acteurs Bollywood un enfant de la balle. Mais cela ne suffit pas toujours dans un ciné où chacun doit se battre pour imposer son image, ses compétences, voire son génie (comme Aamir Khan ou Kajol).
Au contraire de Hrithik, Saïf n'a pas eu à devoir imposer ses talents de danseur pour sortir du lot, et a commencé par des rôles au début des années 90 qui ne le mettaient pas toujours en tête d'affiche mais lui ont permis de se faire un nom au fur et à mesure. Entre 1992 et 1998, il est donc passé assez inaperçu, quand explosaient Shah Rukh Khan ou Salman Khan.
Il débute en 1992 dans Parampara, dans le rôle de Pratap Singh, quasiment le même homonyme que celui de Shah Rukh dans Veer-Zaara.
Il portait alors le mulet encore en vogue, et se débattait pour montrer aussi chose qu'un sourire angélique. Il va ainsi enchaîner les tournages durant deux ans, où il restera cantonné à des rôles peu marquants.

Il obtient un rôle un peu plus consistant dans Hamesha en 1997. Où il tourne avec devinez qui ? Bah, ouais la grande Kajol. Un morceau du film est disponible dans le DVD Best Of Black Beauty, là où l'on peut aussi voir un autre extrait de Ishq (1997)

Enfin une chance pour lui d'être plus connu du grand public qui n'en a alors à l'époque que pour ShahRukh le Baadshah.
Deux ans plus tard, il tourne un quasi remake, enfin officieux mais ça reste flagrant de Hum Aapke Hain Koun (1994), réalisé par Suraj Barjatya, qui convoque dans son casting le Salman Khan pas encore tout à fait bougon et agressif que l'on connaîtra par la suite avec des rôles plus tordus les uns que les autres.
Ca s'intitule Hum Saath Saath Hain et c'est un décalque de HAHK, en moins frais, donc plus chiant. Et ce malgré les actrices, dont Tabu, probablement le premier film dans lequel je l'ai vue. Et ce n'est pas tout car il y a Karisma Kapoor ainsi que Sonali Bendre. Mais la donne ne change pas, hormis la séquence du désert, avec une reprise de Porqué te vas ? en hindi, rien ne colle.



Après presque dix ans de métier, dont une moitié passée dans l'ombre des stars, Saïf accède enfin à la notoriété en 2001 grâce au coup de pouce de Farhan Akhtar et de son Dil Chahta Hai, où entouré d'une brochette d'actrices et acteurs hyper talentueux il donne enfin la pleine mesure de son talent si particulier, basé sur l'humour décalé et la facilité de changer de registre entre les scènes. Il peut autant émouvoir que faire rire, et ce sans se forcer.
C'est le film porte-bonheur, dans lequel il exprime le mieux la dualité de son personnage, volage, peu fidèle mais recherchant malgré tout un point d'ancrage et essayant les trucs plus fous avant de réaliser qu'il est fait pour autre chose de plus accessible et plus simple. La séquence chantée Woh Ladki Hai Kahan dans la salle de cinéma, dans laquelle il dit rechercher l'amour est restée comme l'une des plus célèbres, par son hommage aux films musicaux des années 50-60 et son originalité.

L'acteur opère des choix judicieux, et choisit ceux qui lui permettent de se transformer vocalement et physiquement en prenant des allures de caméléon. C'est valable pour Kal Ho Naa Ho aka New York Masala, dans lequel il est Rohit, fou amoureux de Naina, un film de Nikhil Advani, grand pote de Karan Johar pour qui il fut assistant.
Il jouera aussi dans la petite bluette oubliable Hum Tum de Kunal Kohli avec Rani Mukerjee.
mais aussi dans Parineeta où son ambiguité fait merveille. Film d'époque, très lent, très contemplatif, dans lequel Sanjay Dutt et Vidya Balan forment un trio très étrange.

Il est extra dans Being Cyrus, où il interprète un homme à la double personnalité terrifiante, tout en non-dits.

Un film tourné intégralement en anglais, sans chanson, que le public ignore mais dont la presse souligne l'audace autant formelle que narrative.

Il explose dans Omkara (2006), en méchant, méconnaissable en raison de sa barbre drue, balafré et de son air menaçant. Adaptation d'Othello, le film possède de grandes qualités (Saïf, Ajay, la musique, Beedi) mais aussi des gros défauts ( une demie-heure finale trop longue, peu de personnages secondaires intéressant, un suspens vite éventé).

Il serait étonnant qu'il n'obtienne pas une récompense pour ce rôle qui lui permet de franchir une nouvelle étape dans sa carrière, en attendant le prochain Eklavya (2007), où il sera aux côtés d'Amitabh Bachchan et Boman Irani et de sa propre maman qui jouera un petit rôle.
Un acteur qui très apprécié du public jeune ( spéciale kasdedi à Simbella ) et moins jeune, de plus en plus en vogue aujourd'hui et qui va sans doute crever le plafond dans les mois à venir.


Mon avis :

Saif Ali Khan est l'un des acteurs les plus attachants du cinéma bollywoodien. Certes, il ne danse pas très bien (surtout dans ses premiers films), mais son personnage cinématographique de jeune type un peu immature est très plaisant, notamment dans New-York Massala et Dil Chatah hai. En outre, depuis quelques années, il n'a pas peur de dérouter le public en incarnant des personnages très différents et plus complexes (j'espère que ça ne lui coûtera pas sa popularité!). Comme toi, j'ai beaucoup apprécié Being Cyrus, un film très original. Dans un genre beaucoup plus commercial, j'ai bien aimé Ek hasina thi, où il campe un salopard qui mène la belle Urmila Matondkar en prison avec beaucoup de vraisemblance. Dans la vie réelle, Saif Ali Khan adore le hard rock et a déjà donné des concerts de guitare électrique qui n'ont aucun rapport avec les chansons de ses films. Finira-t'il un jour par jouer du Gun n'Roses dans un film de Bollywood? Notons pour la petite histoire qu'il a fait pas mal de bêtises dans sa jeunesse et notamment participé comme son père et Salman Khan à la chasse d'espèces rares d'antilopes, ce qui n'a rien d'honorable.

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